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Abandon des insecticides : témoignage d'un producteur de colza

Remplacer les insecticides par des pratiques de lutte biologique contre les ravageurs

Pascal Dormeau, producteur de colza, travaille depuis près de cinq ans sans insecticides sur ses cultures. Il est convaincu que ce mode de production est la voie à suivre, bien que le colza soit très sensible aux insectes. Comment s'y prend-il ?


Pascal utilise la lutte biologique contre les insectes en plantant des légumineuses (féveroles et fenugrec) près de sa culture commerciale de colza. Ces légumineuses ne sont pas récoltées ni vendues sur le marché. Elles aident le colza à se développer sans l'application d'insecticides. Apparemment, les insectes qui pourraient nuire à son colza n'aiment pas l'odeur du fenugrec et la couleur de la féveroles. Planter ces légumineuses au bon moment peut être immensément bénéfique, à tel point que l'utilisation d'insecticides synthétiques est devenue superflue. En outre, les légumineuses contribuent également à la constitution de la matière organique du sol, car il les utilise comme engrais vert. Plus important encore, le rendement qu'il obtient avec ce mode de production est comparable à celui qu'il obtenait avec les insecticides.


Pascal nous fait part d'une préoccupation : les insectes peuvent devenir résistants aux insecticides, surtout lorsqu'ils sont appliqués de manière intensive sur les cultures. À première vue, les insecticides peuvent éradiquer les insectes nuisibles dans le champ. Mais une petite proportion de la population d'insectes peut être capable de survivre au traitement. La progéniture de cette petite proportion d'insectes aura très probablement les mêmes caractéristiques, c'est-à-dire qu'elle résistera à l'insecticide. Cette population va alors prospérer (et non mourir) dans le climat de cet insecticide. Au fil du temps, le problème de l'invasion des insectes sera revenu, et l'insecticide sera devenu inutile. Répétez cela encore et encore avec différents insecticides, et à un moment donné, les solutions pour combattre les insectes avec des insecticides synthétiques deviennent de plus en plus rares.


Souvent, l'augmentation des espèces végétales dans le paysage peut déjà entraîner un meilleur contrôle biologique des ravageurs, car cela augmente également la diversité des prédateurs possibles pour le ravageur prédominant. Il peut être particulièrement utile de se concentrer sur les espèces végétales qui attirent les ennemis naturels des ravageurs et leur apportent des avantages. Cependant, la lutte biologique est une activité qui exige beaucoup de connaissances, car l'agriculteur doit savoir (1) quels sont les ravageurs qui nuisent à la culture, (2) quels sont leurs ennemis naturels, (3) et les interactions de nombreux facteurs environnementaux dynamiques. Pourtant, le fait d'avoir trouvé la solution de lutte biologique contre les ravageurs peut apporter des avantages exceptionnels à l'exploitation. Elle ne dépend plus des insecticides dont le prix fluctue, on peut observer une amélioration de la santé du sol et l'exploitation dispose d'une stratégie à long terme plus approfondie en matière de lutte contre les parasites.